« Crier la vérité des blessures, danser la vie, chanter à l’unisson avec la poésie... »

Made in Femina est basé sur un travail collectif d’adaptation de témoignages, de réécriture au plateau et d’échanges sur des expériences intimes. La mise en scène a été abordé avec la volonté de mettre en valeur cette traversée au cœur de l’intime, de la dévoiler et de la recréer au plateau. Nous sommes parties sur le désir commun d’un voilage blanc, manipulé par les comédiennes tout au long du spectacle,délimitant les espaces de jeu, les lieux, tout en préservant l’intimité de ces femmes grâce à un jeu de lumières le rendant translucide et diaphane. Il traverse le temps et accompagne les femmes dans leur parcours de vie, de solitude et de fragilité. Il représente l’intimité, le non dit, les souvenirs, les fantasmeset sera ouvert ou fermé au gré des témoignages, préservant parfois cette intimité du regard du spectateur, limitant sa vision pour mieux stimuler son imagination et ses projections. Les témoignages se succèdent, suivant la trajectoire des «passages obligés» (arrivéedes menstruations, premiers rapports sexuels, avortement, fausse couche et accouchement) liés intrinsèquement à l’évolution des femmes, auxquels nous avons ajouté la présence omnipré-sente d’objets symbolisant ses fragments d’existence. Peu à peu, l’amas des objets évolue vers une forme plus clinique, aseptisée et froide, tandis que les femmes se distinguent par une couleur plus vive, le rouge, véritable signifiant des douleurs et des passions des personnages venus témoigner. La danse et le mouvement viennent rythmer les combats de ces femmes, accompagnés par la musique d’un violoncelle omniprésent. Les sons, véritablerésonnance de leurs émotions, sont voulus comme l’incarnation sonore de leur âme, de leur humanité et de leur révolte. Car l’objectif n’est pas de « victimiser » la Femme mais bien de montrer sa puissance en révélant les abus du regard extérieur médical, religieux et familial.